Une femme est retrouvée morte dans le parc naturel des Ardennes. À
quelques kilomètres de là, le corps d'une autre est repêché dans la
Seine. Sur le pull que portait la première victime, l'ADN de l'épouse
d'une chef de brigade de la PJ de Paris. Au cou de la deuxième, un
curieux médaillon en forme de chouette. Le commande Guillaume Desgranges
est chargé de l'enquête parisienne. Et ce qui se passe dans les
Ardennes, il refuse d'en entendre parler : il a élevé seul son fils et
remué ciel et terre pour retrouver celle qu'il aimait. Le temps a passé.
Son évaporation ne regarde qu'elle, à présent, où qu'elle soit. La
brigadière Zoé Dechaume ne l'entend pas de cette façon et n'a qu'une
idée en tête : remonter la piste ardennaise. Alors, en toute
clandestinité, et en duo avec sa coéquipière Lola Rivière, elle va se
lancer sur les traces d'une femme qu'elle ne connaît pas, mais dont elle
a toutes les raisons de penser qu'elle vit encore. Entre Paris, la
Belgique et les Ardennes, mettant en péril leurs carrières et bien plus
encore, les deux jeunes femmes vont se heurter aux secrets qui
contraignent au silence, écorchent, et finissent par tuer ceux qui les
portent.
Auteur : Hervé JourdainSérie :
Éditeur : Fleuve noir
Date parution : 11/10/2018
Format : Papier
Première page
Les cigales avaient cessé de chanter, le vent avait fui vers d'autres contrées. Ne lui restait que le silence du crépuscule pour compagnon. Et sa respiration, lourde, chaude comme un jour de canicule, haletante après des heures de marche, des kilomètres de fuite au travers d'une forêt dense, cahoteuse, couverte de ronces et d'épines qui avaient fini de lui cisailler les jambes. Elle n'osait bouger la tête, guettait tout bruit impromptu, frissonnait au moindre courant d'air. Elle essuya sueur et poussière accumulées sur son front à l'aide de la frange de sa robe fleurie, rare bout de tissu encore immaculé.
Adossée à un arbre, elle s'était affaissée sous le poids de la fatigue et de son ventre. Son visage fixa un soleil rougeoyant qui se mirait sur la surface du fleuve. Au delà, elle distingua la silhouette d'un village percé d'un clocher d'ardoises et d'un moulin sans ailes.
Ses sandales n'avaient pas résisté. La lanière de cuir de l'une d'elles s'était brisée au détour d'un sentier abrupt. Elle s'était résolue à jeter la seconde, à force de claudiquer. Malgré les pieds douloureux et ensanglantés, elle lui avait échappé. Combien de semaines, combien de jours pourrait elle encore tenir ? La maladie avait eu raison d'elle. La naïveté, aussi. Elle n'espérait plus qu'une chose : donner la vie avant que la mort ne s'empare d'elle.
Elle fixa le cercle de feu devenu couleur de braises. Elle était sèche, plus une larme pour panser sa colère. Elle se redressait tant bien que mal sur des jambes qui refusaient de la porter lorsqu'elle perçut un cri derrière elle. Une présence, sa présence. Des pas lourds. A une dizaine de mètres, peut être moins. Un homme pressé, qui furetait, tournait en rond, s'immobilisait. Qui téléphonait.
- Aucune trace d'elle par ici ! Elle n'ira pas loin tant qu'on surveillera le pont.
Elle se recroquevilla à l'abri de son chêne, ferma les yeux, blottit sa tête entre ses bras. Ne pas bouger. Patienter, oublier cette sensation étrange d'être grignotée de l'intérieur. Attendre qe l'obscurité s'abatte sur les lieux. Que la peur s'estompe, qu'ils abandonnent leurs recherches, que les contractions cessent.
Lu : OuiChronique : non
Commentaires
Enregistrer un commentaire