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DES GENS D'IMPORTANCE

New York, 1910. Jane Prescott, femme de chambre, jouit d'une réputation exemplaire, et d'un esprit affuté qui lui permet de voir bien au-delà du mode de vie mondain et fastueux des riches parvenus chez qui elle sert. Jane est ainsi la première à comprendre ce que les fiançailles de sa jeune maîtresse avec le très en vue Norrie Newsome, déjà promis à une autre, ont de scandaleux. Et quand ce dernier est retrouvé mort, elle est aussi la mieux placée pour trouver qui avait intérêt à le voir disparaître. Dans un contexte social incandescent, le coupable est à chercher aussi bien dans les milieux anarchistes que les demeures bourgeoises. Car Jane sait que, autant dans la bonne société que dans les entrailles abandonnées de la ville, la haine et la violence couvent sous la surface, et peuvent éclater à tout moment...

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Auteur : Mariah Fredericks
Série
Éditeur : 10-18 Grands détectives
Date parution : 06/09/2018
Format : Ebook
Première page

CHAPITRE PREMIER
Je vais vous raconter. Je le raconterai mal, en oubliant des détails essentiels et en me souvenant de faits qui jamais ne sont arrivés. En cela, ma version ne sera pas différente de toutes les autres. Seule la particularité de ce qui est omis ou évoqué lui apposera ma marque distinctive.
À quoi bon la raconter, alors, cette histoire déjà rebattue, où entrent en jeu de riches familles, un couple séduisant et un assassinat ?
Parce que celle que vous avez entendue est fausse. Tout ce que vous avez lu : les gros titres, les éditoriaux poignants déplorant le pitoyable état de notre monde moderne… Faute de connaître le fond de l’affaire, ils sont tous passés à côté.
Bien des décennies se sont écoulées. Il ne reste plus personne, à part moi, qui ait vécu cette abomination. Et qui suis-je pour prétendre détenir la secrète vérité, dans ce qui fut peut-être le premier des nombreux crimes du siècle ?
Personne. Absolument personne.
J’étais la femme de chambre de Charlotte Benchley.
Avant que vous n’écartiez mon histoire telles les élucubrations d’une femme vénale et avide d’une brève célébrité, permettez-moi de vous dire une chose. Certains gagnent leur pain en prêtant attention à ce que d’autres préfèrent ignorer. Si votre tâche suppose de préserver l’éclat de l’argenterie, vous serez à l’affût de la moindre ternissure. Si les draps doivent être impeccables, vous chercherez les faux plis. En ce qui concernait les Benchley et les Newsome, j’ai vu les ternissures, les faux plis, la boue.
Si vous êtes d’avis qu’une femme de chambre n’entend rien à ces choses-là, vous n’avez aucune raison de poursuivre cette lecture.
Si toutefois vous nourrissez une opinion différente, alors, continuez.
À l’époque des événements qui passionnèrent le pays, j’étais au service des Benchley depuis un an. Mon ancienne patronne était décédée, léguant l’essentiel de sa fortune aux bonnes œuvres et me laissant, moi, sans emploi.
Le temps était aux funérailles. À peine la ville finissait-elle de pleurer l’aristocratique Mrs. Astor qu’il fallut porter le crêpe pour feu mon employeuse, Mrs. Armslow, apparentée par la naissance ou par alliance aux meilleures familles de New York. En Angleterre, l’élégant et volage Édouard VII était souffrant. Léopold de Belgique s’était éteint. Plus tôt cette même année, dans un camp pour prisonniers de guerre, le chef apache Geronimo était mort peu avant ses quatre-vingt-dix ans. Selon les gazettes, il était resté « l’un des sauvages les plus vils et les plus cruels du continent américain », attendant son heure pour repartir sur le sentier de la guerre.
Après la cérémonie, Mrs. Ogden Tyler, la nièce de Mrs. Armslow, m’aborda. Issue d’une branche moins fortunée de la famille, elle avait un petit côté plébéien. Elle posa une main légère et amicale sur mon bras.
— Vous allez me prendre pour une sans-cœur, mais il faut bien que je vous pose la question : avez-vous trouvé une nouvelle place ?
Devant mon geste de dénégation, elle poursuivit :
— Une de mes chères amies, Mrs. Benchley, vient d’emménager en ville. Elle arrive de Scarsdale – Scarsdale ! a-t-on idée ? – et elle est désespérée. Son mari a inventé un moteur. À moins que ce ne soit une pièce de moteur… ou de fusil ? Quoi qu’il en soit, le gouvernement a acheté son invention. Résultat : de l’argent à la pelle, mais aucune notion de savoir-vivre. Dans ce qui compte vraiment, cela va de soi : que porter, qui embaucher, que servir. La pauvre femme a deux filles, comme moi, et je me suis demandé de quelle manière je pourrais l’aider. Savez-vous la toute première chose qui m’est venue à l’esprit ? Jane. Jane est si fine ! me suis-je dit. Si intelligente et discrète. Chère Jane, vous êtes exactement ce qui manque aux Benchley. Accepteriez-vous de les rencontrer ?
Lu : Oui
Chronique : Oui

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