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LE NOIR QUI INFILTRA LE KU KLUX KLAN

«Tout a commencé un jour d'octobre 1978. Inspecteur à la brigade de renseignement de la police de Colorado Springs, j'avais notamment pour mission de parcourir les deux quotidiens de la ville à la recherche d'indices sur des activités subversives.
Les petites annonces ne manquaient jamais de m' étonner. Parfois, entre stupéfiants et prostitution, on tombait sur un message qui sortait de l'ordinaire. Ce fut le cas ce jour-là.

Ku Klux Klan
Pour toute information :
BP 4771
Security, Colorado 80230

Moi qui voulais de l'inhabituel, j'étais servi. J'ai décidé de répondre à l'annonce. Deux semaines plus tard, le téléphone a sonné.
"Bonjour, je suis chargé de monter la section locale du Ku Klux Klan. J'ai reçu votre courrier."
Merde, et maintenant je fais quoi?»

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Auteur :
Série
Éditeur : Autrement
Date parution : 22/08/2018
Format : Ebook
Première page
1.
Coup de fil du Klan
Tout a commencé un jour d’octobre 1978. Inspecteur à la brigade de renseignement de la police de Colorado Springs – et premier Noir à occuper un tel poste –, j’étais chargé, entre autres, de parcourir les deux quotidiens de la ville à la recherche d’indices sur des activités subversives susceptibles de nuire à la tranquillité et à la sécurité des citoyens. Les petites annonces ne manquaient jamais de m’étonner. Au milieu de la routine, entre stupéfiants et prostitution, on tombait parfois sur un message qui sortait vraiment de l’ordinaire. Et ce fut le cas ce jour-là.
Ku Klux Klan
Pour toute information :
BP 4771
Security, Colorado 80230
Moi qui voulais de l’inhabituel, j’étais servi.
Security, dans la banlieue sud-est de Colorado Springs, est une ville de garnison paisible, composée principalement de lotissements où vivent bon nombre de soldats des deux grosses bases militaires des environs : Fort Carson et le NORAD (le commandement nord-américain de la Défense aérospatiale). Aucune activité du Ku Klux Klan n’y avait jamais été signalée.
J’ai décidé de répondre à l’annonce.
Dans un bref courrier, j’ai expliqué que j’étais un Blanc qui souhaitait des renseignements sur les modalités d’adhésion au Klan. Et que je voulais faire avancer la cause de la race blanche. J’ai précisé que j’étais inquiet de voir « les négros prendre le pouvoir partout » et qu’il était temps que ça change. J’ai signé de mon vrai nom, Ron Stallworth, et indiqué le numéro de téléphone dédié aux opérations d’infiltration, une ligne sur liste rouge, intraçable, ainsi qu’une adresse aussi peu localisable. Puis j’ai glissé le tout dans une enveloppe que j’ai postée. Cette lettre allait marquer le début de la plus exceptionnelle et de la plus fascinante enquête de ma carrière.
Comme tous nos enquêteurs infiltrés, je disposais de deux fausses identités, assorties de tous les documents nécessaires : papiers, permis de conduire, cartes de crédit, etc. Alors pourquoi signer de mon vrai nom ? Qu’est-ce qui m’a fait perdre tout jugement et commettre cette erreur de débutant ?
La réponse est simple. Je n’imaginais pas un instant que ce courrier déboucherait sur une enquête. Je m’attendais dans le meilleur des cas à une réponse type, sous la forme d’une brochure ou d’un dépliant quelconque. À l’évidence, une petite annonce aussi ouvertement raciste ne pouvait être qu’une mauvaise blague. Mais j’étais curieux de voir jusqu’où son auteur pousserait la plaisanterie.
Et deux semaines plus tard, le 1er novembre 1978, le téléphone a sonné.
« Pourrais-je parler à Ron Stallworth, s’il vous plaît ?
— C’est moi.
— Bonjour, Ken O’Dell à l’appareil. Je suis chargé de monter la section du Ku Klux Klan de Colorado Springs. J’ai reçu votre courrier. » 
Merde, et maintenant je fais quoi ?
« D’accord. »
Je gagnais du temps pour attraper un bloc-notes et un stylo.
« J’ai lu ce que vous avez écrit, a poursuivi Ken, et j’aimerais en savoir un peu plus sur vos motivations. »
Pourquoi je voulais rejoindre le Ku Klux Klan ? Jamais je n’avais imaginé qu’on me poserait un jour une question pareille. Ça me démangeait de lui répliquer : « Figurez-vous que j’ai envie de vous soutirer un maximum d’informations pour démolir le Klan et tout ce qu’il représente. » Mais j’ai résisté, j’ai respiré un grand coup, tout en me creusant la tête pour enchaîner rapidement sur un argument crédible. Et, bien sûr, j’ai formulé les choses tout autrement.
On m’avait traité de négro assez souvent au cours de mon existence lors de petites altercations de la vie courante qui avaient viré au torrent d’injures ou en service, lorsque je verbalisais ou arrêtais des gens, pour que je le sache : quand le mot « négro » sortait de la bouche d'un Blanc, toute la dynamique changeait. En l'utilisant, mon interlocuteur me faisait savoir qu'il se considérait intrinsèquement supérieur à moi et s'arrogeait un pouvoir fictif. "Négro", c'était le langage de la haine. Maintenant que je me faisais passer pour un des leurs, j'allais pouvoir l'utiliser aux dépens de ces suprémacistes blancs.
Lu : Non
Chronique : Non

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