Un voyage merveilleux de la Chine à Hawaï qui suit l'ascension et les
drames d'une famille rongée par les secrets et les amours tragiques.
Au début du XXe siècle, Frank Leong quitte la Chine avec sa femme et son
fils pour l'île d'Oahu dans l'archipel d’Hawaï. Là-bas, des jours
bénis les attendent.
Pourtant, une force mystérieuse semble hanter la famille Leong. Le fil
rouge du destin qui, selon une ancienne tradition chinoise, lie les âmes sœurs entre elles aurait-il un jour été rompu, attirant ainsi la
malédiction sur toute la lignée ?
Lorsque Frank meurt dans des conditions énigmatiques, sa famille perd
tous ses repères. Toute l'île se met à bruisser de rumeurs. Vingt ans
plus tard, l'arrivée d'une lettre fait l'effet
d'une déflagration. Un nouveau coup du sort frappe les Leong.
C'est désormais à Theresa, la petite-fille de Frank, de reprendre le
flambeau. Et s'il était enfin temps de dévoiler les secrets enfouis
depuis trois générations ?
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Série
Éditeur : 10/18
Date parution : 01/06/2017
Format : Ebook
Première page
HONOLULU, HAWAII
L’intérieur de la voiture sent l’hibiscus. Une idée de sa mère : un parfum subtil mais frais, a-t-elle souligné, qui amènera un peu de vie. Au moment de s’engager dans la rue, il se félicite, pour une fois, de ne pas l’avoir empêchée de mettre son grain de sel. Il inspire. Déjà l’odeur suave apaise sa nervosité.
L’homme allume la radio puis l’éteint aussitôt, avant d’avoir pu entendre le moindre son. Il s’imagine à la place des deux femmes, réfléchit à ce qu’il aimerait écouter, et tourne à nouveau le bouton d’un geste mesuré, pour régler la fréquence sur la station locale qui diffuse de vieilles chansons hawaïennes, des mele. Le rythme chaleureux des cordes des ukulélés et de l’ipu, cet instrument à percussion, se diffuse dans la voiture au moment où il appuie sur l’accélérateur pour franchir le feu au bout de sa rue, déjà orange.
Il s’est enfin ressaisi et a retrouvé assez de calme pour tambouriner d’un seul doigt sur son volant, presque en cadence. La circulation est fluide, ce qui l’allège d’un poids. Quand on exerce cette profession, les embouteillages constituent la principale difficulté à l’est de Honolulu.
Il réussit à franchir quatre feux in extremis et atteint la maison en un temps record, avec une bonne minute d’avance sur son dernier chronométrage, la veille – il avait ralenti devant l’entrée et jeté un coup d’œil à sa montre ; la grande aiguille allait atteindre minuit. Ce matin, pour la première fois, il franchit le portail ouvert et le muret de pierre. Pour la première fois, il peut embrasser du regard la façade, basse et plate, peinte en gris, plus grande qu’il ne l’imaginait, et aussi morne que ce jour.
En descendant de voiture, il constate que ses chaussures sont sales. Le montant de l’enveloppe incluait une visite chez le cireur, mais il a préféré allouer cette somme à l’achat de trois mouchoirs blancs identiques, carrés, qu’il a rangés dans sa boîte à gants, au cas où. Je suis chauffeur, s’est-il dit, mes chaussures sont rarement scrutées, pour ainsi dire jamais visibles. Si les clientes, endeuillées, se mettaient à pleurer, il pourrait leur offrir un mouchoir digne de ce nom. À présent,
pourtant, il s’interroge. Il s’accroupit pour essuyer la poussière du bout de ses doigts, en jurant.
L’entrée de la maison, en forme de fer à cheval, se situe au centre de deux ailes identiques, en saillies, tapissées de fenêtres hautes et étroites, masquées par des stores en bois peints en blanc, fermés. La porte est blanche elle aussi, avec sonnette et poignée dorées. Il n’entend aucun bruit à l’intérieur lorsqu’il presse son doigt sur celle-ci.
Lu : Non
Chronique : Non
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