Nom: MENDOZA
Prénom: Teresa
Nationalité: mexicaine
Née à Culiacan, Etat du Sinaloa, Mexique, veuve de Raimundo Davila Parra, mort assassiné.
S'installe à Melilla, Espagne. Soupçonnée de trafic de tabac. Arrêtée et condamnée à plusieurs mois de prison. Liée à Patricia O'Farrell, délinquante notoire. Probablement à la tête de la plus grosse entreprise de transport de cocaïne et de haschich en Méditerranée pour le compte du cartel de Medellin, des mafias russes et italiennes.
Femme d'affaires redoutable et dangereuse, multimillionnaire, mène une vie discrète, aime le rêve et la solitude en mer à bord de son yacht.
Aucune preuve n'a pu être retenue contre elle.
Auteur : Arturo Pérez Reverte
Série :
Éditeur : Editions du Seuil
Date parution : 06/05/2003
Format : Ebook
Première page
Prénom: Teresa
Nationalité: mexicaine
Née à Culiacan, Etat du Sinaloa, Mexique, veuve de Raimundo Davila Parra, mort assassiné.
S'installe à Melilla, Espagne. Soupçonnée de trafic de tabac. Arrêtée et condamnée à plusieurs mois de prison. Liée à Patricia O'Farrell, délinquante notoire. Probablement à la tête de la plus grosse entreprise de transport de cocaïne et de haschich en Méditerranée pour le compte du cartel de Medellin, des mafias russes et italiennes.
Femme d'affaires redoutable et dangereuse, multimillionnaire, mène une vie discrète, aime le rêve et la solitude en mer à bord de son yacht.
Aucune preuve n'a pu être retenue contre elle.
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Série :
Éditeur : Editions du Seuil
Date parution : 06/05/2003
Format : Ebook
Première page
Le téléphone sonna et elle sut qu’ils allaient la tuer. Elle le sut avec une telle certitude qu’elle demeura immobile, le rasoir levé, les cheveux collés au visage, dans la vapeur de l’eau chaude qui ruisselait sur les carreaux de faïence. Bip-bip. Très calme, retenant son souffle, comme si l’immobilité ou le silence pouvaient changer quelque chose au cours d’événements déjà accomplis. Bip-bip. Elle était dans sa baignoire, en train de s’épiler la jambe droite, l’eau savonneuse jusqu’à la taille, et sa peau se hérissa comme si le robinet d’eau froide venait de se mettre à gicler. Bip-bip. Sur la chaîne stéréo de la chambre à coucher, Los Tigres del Norte chantaient l’histoire de Camélia la Texane. La trahison et la contrebande, disaient-ils, sont inséparables. Elle avait toujours craint que ces chansons ne soient des présages, et voilà qu’elles devenaient soudain réalité, une réalité obscure et menaçante. Le Güero s’en était moqué ; mais cet appel lui donnait raison, et il donnait tort au Güero. Il lui donnait tort pour ça et pour bien d’autres choses encore. Bip-bip. Elle lâcha le rasoir, sortit lentement de la baignoire, laissant des empreintes humides jusque dans la chambre. Le téléphone était sur le couvre-lit, petit, noir et sinistre. Elle le regarda sans y toucher. Bip-bip. Terrifiée. Bip-bip. Son bourdonnement se mêlait aux paroles de la chanson comme s’il en faisait partie.
Car les contrebandiers, disaient maintenant Los Tigres, ne pardonnent jamais. Le Güero avait eu les mêmes mots, en riant comme d’habitude, tandis qu’il lui caressait la nuque et lui lançait le téléphone sur sa jupe. Si, un jour, il sonne, c’est que je serai mort. Alors il faudra que tu te mettes à courir. À courir de toutes tes forces, ma poupée. À courir sans t’arrêter, parce que je ne serai plus là pour t’aider. Et si tu arrives vivante, où que tu arrives, bois une tequila à ma mémoire. Pour les bons moments, ma belle. Pour les bons moments. Il était comme ça, le Güero Dávila. Le virtuose du Cessna. Le roi de la piste courte, comme l’appelaient ses amis et aussi don Epifanio Vargas : capable de décoller sur trois cents mètres, avec son chargement de cocaïne et de marijuana de première qualité et de voler au ras de l’eau par les nuits noires d’un côté à l’autre de la frontière en éludant les radars des fédéraux et les charognards de la DEA, l’agence antidrogue américaine. Capable aussi de vivre sur le fil de la lame, en jouant son propre jeu dans le dos de ses chefs. Et capable de perdre.
L’eau qui ruisselait de son corps formait une flaque à ses pieds. Le téléphone sonnait toujours, et elle sut qu’elle n’avait pas besoin de décrocher pour avoir la confirmation que la chance avait abandonné le Güero. C’était suffisant pour qu’elle suive ses instructions et parte en courant ; mais il n’est pas facile d’accepter qu’un simple bip-bip change d’un coup le cours d’une vie. C’est pourquoi elle finit par prendre le téléphone et appuyer sur le bouton pour écouter :
— Ils ont eu le Güero, Teresa.
Elle ne reconnut pas la voix. Le Güero avait des amis et certains restaient fidèles au temps où ils passaient de la marijuana et des paquets de coke dans les pneus des voitures par El Paso, en direction des États-Unis. Ce pouvait être n’importe lequel d’entre eux : Neto Rosas, ou Ramiro Vázquez, par exemple. Elle ne reconnut pas celui qui appelait, et c’était sans importance, car le message était clair. Ils ont eu le Güero, répéta la voix. Ils l’ont descendu, et son cousin aussi. Maintenant c’est le tour de la famille du cousin, et c’est aussi le tien. Alors cours de toutes tes forces. Cours sans t’arrêter. Puis la communication fut coupée, elle regarda ses pieds humides sur le sol, se rendit compte qu’elle tremblait de froid et de peur : quel que soit celui qui a appelé, pensa-t-elle, il a prononcé les mêmes mots que le Güero. Elle l’imagina dans la fumée des cigares et devant les verres d’une cantine(2), écoutant attentivement le Güero assis devant lui, en train de fumer un joint, jambes croisées sous la table comme à son habitude, les bottes pointues en peau de serpent, le foulard noué autour du cou, les cheveux blonds coupés ras, le blouson de pilote posé sur le dossier de la chaise, le sourire mince et assuré. Tu feras ça pour moi, mon vieux, s’ils me font la peau. Tu lui diras de courir de toutes ses forces, sans s’arrêter, parce qu’ils voudront la descendre, elle aussi.
Lu : Non
Chronique : Non
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