Dans son roman le plus autobiographique, Paulo Coelho nous fait revivre
le rêve transformateur et pacifiste de la génération hippie du début des
années 1970.
Paulo est un jeune homme aux cheveux longs qui souhaite devenir écrivain. Fuyant la dictature militaire brésilienne, il part faire le tour du monde à la recherche de liberté et de spiritualité.
À Amsterdam, il rencontre Karla, une jeune Hollandaise qui n'attendait que lui pour s'envoler vers la nouvelle destination phare du mouvement hippie, le Népal, à bord du fameux « Magic Bus ». Cette traversée de l'Europe sera le début d'une extraordinaire histoire d'amour et d'une quête de vérités intérieures qui les conduiront, eux et leurs compagnons de voyage, à adopter un nouveau regard sur le monde.
Paulo est un jeune homme aux cheveux longs qui souhaite devenir écrivain. Fuyant la dictature militaire brésilienne, il part faire le tour du monde à la recherche de liberté et de spiritualité.
À Amsterdam, il rencontre Karla, une jeune Hollandaise qui n'attendait que lui pour s'envoler vers la nouvelle destination phare du mouvement hippie, le Népal, à bord du fameux « Magic Bus ». Cette traversée de l'Europe sera le début d'une extraordinaire histoire d'amour et d'une quête de vérités intérieures qui les conduiront, eux et leurs compagnons de voyage, à adopter un nouveau regard sur le monde.
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Série :
Éditeur : Flammarion
Date parution : 06/06/2018
Format : Ebook
Première page
En septembre 1970, deux places se disputaient le privilège d'être considérées comme le centre du monde : celle de Piccadilly Circus, à Londres, et celle du Dam, à Amsterdam. Mais tout le monde ne le savait pas : la plupart des gens, si on leur avait posé la question, auraient répondu : « La Maison Blanche, aux États-Unis, et le Kremlin, en URSS. » Parce que ces gens tiraient leurs informations des journaux, de la télévision, de la radio – des moyens de communication déjà complètement dépassés, qui ne retrouveraient jamais la pertinence de leurs débuts.
En septembre 1970, les billets d'avion étaient hors de prix, et seule une élite pouvait se permettre de voyager. Bon, pas tout à fait. Une multitude de jeunes aussi, dont les vieux médias ne retenaient que l'apparence : ils avaient les cheveux longs, des vêtements bariolés, ne se lavaient pas – ce qui était faux, mais les plus jeunes ne lisaient pas les journaux, et les adultes croyaient en n'importe quelle nouvelle à même d'insulter ceux qu'on considérait comme une « menace pour la société et les
bonnes mœurs ». Et avec leurs mauvais exemples de libertinage et d'« amour libre », comme on le disait avec mépris, ils représentaient un risque pour toute une génération studieuse et désireuse de réussir dans la vie. Eh bien cette multitude de jeunes chaque jour plus nombreuse se faisait passer des informations par un système que personne, absolument personne, n'arrivait à détecter.
Mais attention, le « Courrier Invisible » se souciait peu de discourir sur la dernière Volkswagen sortie ou sur les lessives en poudre à la mode dans le monde entier. Les nouvelles qu'il véhiculait se résumaient à la prochaine grande route qu'allaient parcourir ces jeunes insolents, sales, qui pratiquaient l'« amour libre » et s'habillaient d'une façon choquante pour les gens de bon goût. Les filles couvraient de fleurs leurs cheveux tressés et portaient des jupes longues, des blouses colorées sans soutien-gorge, des colliers aux perles et aux couleurs les plus diverses ; les garçons avaient la barbe et les cheveux longs, des jeans délavés usés jusqu'à la corde, car les jeans étaient chers partout dans le monde, sauf aux États-Unis – où ils avaient quitté les ghettos ouvriers pour se répandre dans les gigantesques concerts de San Francisco et ses alentours.
Si le « Courrier Invisible » existait, c'était parce que ces jeunes étaient toujours fourrés dans les concerts, à échanger sur les lieux où il fallait aller et sur les façons de découvrir le monde sans devoir monter dans un car de tourisme, où un guide décrivait les paysages pendant que les plus jeunes s'ennuyaient
et que les plus vieux s'endormaient. Et ainsi, par le bouche-à-oreille, ils savaient tous où se tiendrait le prochain concert ou quelle serait la prochaine grande route à parcourir. L'argent n'était une limite pour personne, parce que l'auteur préféré de cette communauté n'était ni Platon ni Aristote, ni les bandes dessinées des rares dessinateurs à avoir accédé au statut de célébrité. Non, le livre qui accompagnait presque chacun sur le Vieux Continent s'intitulait L'Europe à cinq dollars par jour d'Arthur Frommer. On pouvait y trouver où se loger, où manger, ce qu'il y avait à voir, où se retrouver et où écouter de la musique live sans presque rien dépenser.
La seule erreur de Frommer était d'avoir limité son guide à l'Europe. N'y avait-il pas d'autres endroits intéressants ? Les gens n'étaient-ils pas plus enclins à aller en Inde qu'à Paris ? Frommer allait combler cette lacune quelques années plus tard. En attendant, c'était le « Courrier Invisible » qui se chargeait de promouvoir un parcours à travers l'Amérique du Sud jusqu'à l'ancienne cité perdue de Machu Picchu. Tout en recommandant de ne pas trop en parler aux non-initiés, sous peine de voir le lieu rapidement envahi par des barbares munis d'appareils photo et par des guides débitant d'interminables discours (vite oubliés), qui expliquaient comment un groupe d'Indiens avait créé une cité cachée, indétectable hormis du ciel – ce qu'ils pensaient impossible, puisque les hommes ne volaient pas.
Lu : Non
Chronique : Non
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