En rentrant chez lui un vendredi après-midi de tempête de neige, après
une journée à l'université privée de Chosen où il enseigne l'histoire de
l'art, George Clare trouve sa femme assassinée, et leur fille de trois
ans seule dans sa chambre ? depuis combien de temps ? Huit mois plus
tôt, il avait fait emménager sa famille dans cette petite ville étriquée
et appauvrie (mais récemment repérée par de riches New-yorkais à la
recherche d'un havre bucolique) où ils avaient pu acheter pour une
bouchée de pain la ferme des Hale, une ancienne exploitation laitière.
George est le premier suspect, la question de sa culpabilité résonnant
dans une histoire pleine de secrets personnels et professionnels. Mais
Dans les angles morts est aussi l'histoire des trois frères Hale, qui se
retrouvent mêlés à ce mystère, en premier lieu parce que les Clare
occupent la maison de leur enfance, celle qu'ils ont dû quitter après le
suicide de leurs parents. Le voile impitoyable de la mort est
omniprésent ; un crime en cache d'autres, et vingt années s'écoulent
avant qu'une justice implacable soit rendue. Portrait riche et complexe
d'un psychopathe, d'un mariage aussi, ce roman étudie dans le détail les
diverses cicatrices qui entachent des familles très différentes, et
jusqu'à une communauté tout entière.
Auteur : Elizabeth Brundage
Série :
Editeur : La table ronde
Date parution : 11/01/2018
Format : Ebook
Première page
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Auteur : Elizabeth Brundage
Série :
Editeur : La table ronde
Date parution : 11/01/2018
Format : Ebook
Première page
LA FERME DES HALE
Voici la ferme des Hale.
Ici, la vieille salle de traite, l’ouverture sombre qui dit
Trouvez-moi.
Là, la girouette, le tas de bois.
Et voici la maison, bruissant d’histoires.
Il est tôt. Le faucon descend en planant à travers le ciel
dégagé. Une mince plume bleue tournoie dans l’air. L’air
est froid, lumineux. La maison est silencieuse, la cuisine, le
canapé en velours bleu, la petite tasse blanche.
La ferme n’a jamais cessé de chanter pour nous, ses
familles perdues, ses soldats, ses épouses. Pendant la guerre,
quand ils vinrent avec leurs baïonnettes, forçant la porte,
montant l’escalier dans leurs bottes sales. Des patriotes. Des
gangsters. Des maris. Des pères. Ils dormirent dans les lits
froids. Dérobèrent les conserves de pêches et de betteraves
à sucre dans la cave. Ils firent de grands feux dans le champ,
dont les flammes tourbillonnaient et crépitaient vers les
cieux. Des feux qui riaient. Leurs visages étincelaient et
leurs mains étaient au chaud dans leurs poches. Ils firent
rôtir du cochon et dévorèrent la viande rose et sucrée,
avant de lécher sur leurs doigts la graisse au goût familier,
étrange.
Puis il en vint d’autres – ils furent nombreux – qui
prirent, arrachèrent et pillèrent. Même les tuyaux de cuivre,
les carreaux de faïence bleus. Tout ce qu’ils purent, ils
l’emportèrent. Ne laissant que les murs, les sols nus. Le
cœur battant dans la cave.
Nous attendons. Nous sommes patients. Nous attendons des nouvelles. Nous attendons qu’on nous raconte.
Le vent tente de nous raconter. Les arbres s’agitent. C’est
la fin de quelque chose ; nous le sentons. Bientôt, nous
saurons.
Lu : Non
Chronique : Non
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