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UNE MERE

Barcelone, 31 décembre : Amalia et son fils Fernando s’affairent en attendant leurs invités. En ce dîner de la Saint-Sylvestre, Amalia, 65 ans, va enfin réunir ceux qu’elle aime. Ses deux filles, Silvia et Emma ; Olga, la compagne d’Emma, et l’oncle Eduardo, tous seront là cette année. Un septième couvert est dressé, celui des absents.

Chacun semble arriver avec beaucoup à dire, ou, au contraire, tout à cacher. Parviendront-ils à passer un dîner sans remous ?
Entre excitation, tendresse et frictions, rien ne se passera comme prévu.

Alejandro Palomas brosse avec humour le portrait d’une famille dont les travers font inévitablement écho à nos propres expériences, et celui d’une mère loufoque, optimiste, et infiniment attachante. Une mère profondément humaine, à qui il reste encore quelques leçons à transmettre à ses grands enfants : au cours de cette longue nuit, secrets, mensonges, non-dits et autres révélations familiales vont éclater.

Prenez place à table. Vous allez être servi !

Auteur : Alejandro Palomas
Série
Éditeur : Pocket
Date parution : 26/04/2018
Format : Papier
Première page
Maman avait dit qu'elle s'occuperait des fleurs, mais avec toute cette agitation, elle a oublié de passer chez le fleuriste cet après midi, donc il n'y en aura pas. Maintenant, elle compte des grains de raisin à côté de moi. Elle les détache précautionneusement de leur grappe, avec en fond sonore la radio qui braille triplement dans le petit appartement : dans le transistor posé près de l'évier, dans celui qu'elle a laissé allumé dans sa chambre et enfin dans celui de la salle de bains qu'elle n'éteint que très rarement. Nous sommes assis à la table du séjour, elle est occupée à compter son raisin et moi à plier les serviettes en papier rouges à motifs de Noël, tandis que dans le four le velouté refroidit en même temps qu'une viande, censée être de la dinde, à l'apparence indéfinie.
Dehors, il fait nuit noire. Par terre, blotti contre le canapé, Max dort. Sa tête baigne dans une petite flaque de salive et sa patte est secouée de tics nerveux dans son sommeil. Shirley, la petite chienne de maman, roupille aussi dans son panier près de lui, sous sa couverture écossaise.
Barcelone, le 31 décembre.
"Nous serons cinq, déclare maman. Sans compter Olga, évidemment." Olga est la compagne d'Emma, ou, comme ne manque pas de le rappeler Silvia quand Emma n'est pas dans les parages, la "pièce rapportée", ce qui explique pourquoi maman la compte à part. Ce n'est pas du mépris, non. Elle compte juste comme le font les mères : les miens, ceux de mon sang, d'un côté, le reste du monde de l'autre.
"Mais oncle Eduardo arrivera un peu plus tard : son vol a du retard, m'explique t elle, en mettant de côté douze grains dans un premier bol." Puis elle se remet à compter. Voyant que je ne dis rien, elle s'interrompt et lève les yeux vers moi : "Il y a un problème ?"
Je fais non de la tête. Maman est sur des chardons ardents. Elle est dans cet état depuis quelques semaines, depuis qu'elle sait avec certitude que nous serons tous là ce soir. Enfin, après tant de tentatives ratées, nous, qui sommes de son sang, nous serons assis ce soir à sa table pour fêter cette fin d'année et trinquer ensemble. C'est un grand jour pour elle, et elle ne songe pas à s'en cacher parce qu'elle en est incapable. Depuis qu'elle a divorcé de papa, il y a toujours eu un imprévu quelque chose qui a mal tourné et qui est venu gâcher la soirée du réveillon ? Au premier Noël, Emma est restée coincé en Argentine presque un mois parce que la compagnie aérienne avec laquelle elle voyageait avait fait faillite, laissant tous ses passagers en plan. Oncle Eduardo fut le suivant à faire faux bond : il avait décidé un an après d'aller vivre à Lisbonne et pendant les fêtes il attendait encore de recevoir les deux conteneurs de meubles qui apparemment s'étaient perdus en route et ont finalement réapparu à Tanger. Et l'an dernier, ce fut notre tour, à Max et moi. Le 31 à midi, alors que je jouais avec lui au parc, sa balle a rebondi contre un arbre et a fichu le camp dans la rue. Max a fait alors ce qu'il n'avit jamais fait : il s'est mis à cavaler derrière la balle comme un dératé et sur la chaussée un 4x4 l'a fauché. Nous avons passé la nuit aux urgences de la fac de vétérinaire, lui miraculeusement indemne, mais obligé de rester en observation ; moi, deux Lexos dans les veines, allongé sur une civière entre Max et un shar-pei à tête de bouddha mal embouché qui n'arrêtait pas de geindre à cause de je ne sais aux intestins. Et cette fois encore pour maman le dîner s'était résumé à un océan de faibles lueurs et de beaucoup de zones d'ombre.
Lu : Oui
Chronique : Oui

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